Introduction

Il est tout à fait habituel que des seins ne soient pas tout à fait symétriques. Pourquoi le seraient-ils d’ailleurs, alors que le thorax sur lequel ils s’implantent est pourvu d’un contenu asymétrique ? Nous possédons trois lobes pulmonaires à droite, seulement deux à gauche, un cœur à gauche alors que le foie remonte assez haut dans le thorax à droite. Enfin, la base d’implantation des seins est généralement située à des hauteurs différentes à gauche et à droite. Il existe donc une certaine « tolérance » à l’asymétrie, qui est d’ailleurs celle à laquelle on se réfère en postopératoire. En revanche, il est des cas où la différence de volume, et par conséquent de forme, est excessive et difficile à supporter. Il est aussi clair que les limites de l’« insupportable » sont assez difficiles à définir. Il faut tenir compte précisément du narcissisme de chacune, et en cas d’hypernarcissisme le chirurgien doit savoir user de ses connaissances et de son expérience pour permettre une certaine pondération de la demande ; il faut parfois calmer le jeu. Les patientes viennent consulter dans une fourchette d’âge de 15 à 25 ans en moyenne.

De quoi s’agit-il ?

La priorité ici consiste à égaliser à peu près le volume des deux seins, en sachant bien qu’on n’obtiendra jamais une symétrie parfaite de la forme, et encore moins des cicatrices. Il s’agit sans doute d’un exercice des plus difficiles, car il demande beaucoup d’intuition et d’anticipation, de finesse et d’expérience.

La consultation préopératoire

Elle est très importante pour poser la bonne indication et répondre au mieux aux demandes de la patiente. Il faut déterminer si l’on réduit le sein le plus gros ou si l’on augmente le volume du plus petit, ou bien, le plus souvent, celui des deux. Ce choix doit être fait en fonction de la corpulence et de la silhouette de la patiente, en intégrant ses souhaits personnels. Les deux gestes sont exécutés dans le même temps opératoire. L’accompagnement psychologique est important du fait de la fragilité de ces jeunes femmes, qui se sentent tellement diminuées dans leur féminité, leur intégrité et leur capacité de séduction. Les modalités pratiques, le déroulement de l’opération, le postopératoire et les risques et complications sont parfaitement semblables à ce que l’on a exposé pour la ptose ou pour la prothèse, en fonction des choix thérapeutiques qui sont faits.

Le résultat

 

La durée : comme presque toujours en chirurgie mammaire, il faut 6 mois pour obtenir le résultat sur la forme et 18 mois pour voir s’estomper les cicatrices.
La pérennité : elle est excellente, avec cette réserve toutefois qu’il faut envisager de changer la prothèse du côté le plus petit si le choix a été d’en mettre une .
La variabilité : on peut dire que, si l’intervention est correcte, la patiente est toujours satisfaite, et même très satisfaite. Les aléas sont liés à l’asymétrie de forme résiduelle. L’acceptation de cette séquelle est d’autant mieux acceptée que la patiente aura été mieux informée au départ de cette éventualité.

Conclusion

La cure chirurgicale de l’inégalité mammaire est un exercice difficile, un de ceux qui demandent le plus d’expérience. C’est une intervention au terme de laquelle la patiente est souvent plus heureuse que le chirurgien, qui lui est plus perfectionniste. Cette anomalie occasionne aux patientes de véritables souffrances et des tourments très préjudiciables à une vie personnelle, intime et affective harmonieuse. On est plutôt ici dans le cadre d’une intervention de chirurgie réparatrice.