mutilations sexuelles féminines

L’excision ! quand est ce qu’on arrête …?

Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales.
Cette intervention est le plus souvent pratiquée par des circonciseurs traditionnels, qui jouent souvent un rôle central dans les communautés, notamment en tant qu’accoucheurs. Toutefois, plus de 18% des mutilations sexuelles féminines sont pratiquées par des soignants, et cette tendance augmente.
Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent une violation des droits de l’enfant. Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles.

Classification

Les mutilations sexuelles féminines se classent en quatre catégories:
• La clitoridectomie: ablation partielle ou totale du clitoris (petite partie sensible et érectile des organes génitaux féminins) et, plus rarement, seulement du prépuce (repli de peau qui entoure le clitoris).
• Excision: ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres (qui entourent le vagin).
• Infibulation: rétrécissement de l’orifice vaginal par la création d’une fermeture, réalisée en coupant et en repositionnant les lèvres intérieures, et parfois extérieures, avec ou sans ablation du clitoris.
• Autres: toutes les autres interventions néfastes au niveau des organes génitaux féminins à des fins non médicales, par exemple, piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes génitaux.

Aucun bienfait pour la santé, seulement des dangers

Les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun avantage pour la santé et sont préjudiciables à bien des égards aux jeunes filles et aux femmes. Elles comportent l’ablation de tissus génitaux normaux et sains ou endommagent ces tissus et entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin.
Les complications immédiates peuvent être douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou septicémie (infection bactérienne), rétention d’urine, ulcération génitale et lésion des tissus génitaux adjacents.
Les conséquences à long terme sont notamment:
• infections récidivantes de la vessie et des voies urinaires;
• kystes;
• stérilité;
• risque accru de complications lors de l’accouchement et de décès des nouveau-nés;
• nécessité de pratiquer ultérieurement de nouvelles opérations chirurgicales. Par exemple, en cas de fermeture ou de rétrécissement de l’orifice vaginal (type 3 ci-dessus), il faudra procéder à une réouverture pour permettre à la femme d’avoir des rapports sexuels et d’accoucher. Ainsi, l’orifice vaginal est parfois refermé à plusieurs reprises, y compris après un accouchement, ce qui accroît et multiplie les risques immédiatement et à long terme.

Quelle population est exposée?

Les mutilations sexuelles sont pour la plupart pratiquées sur des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans et à l’occasion sur des femmes adultes. En Afrique, elles menacent environ trois millions de jeunes filles par an.
Environ 140 millions de jeunes filles et de femmes dans le monde vivent actuellement avec les séquelles de ces mutilations sexuelles. On estime qu’en Afrique environ 92 millions de jeunes filles âgées de dix ans et plus ont subi cette pratique.
Cette pratique est la plus commune dans l’ouest, l’est et le nord-est de l’Afrique, dans certains pays d’Asie et au Moyen-orient, ainsi que dans certaines communautés d’immigrants en Amérique du Nord et en Europe.

Facteurs culturels, religieux et sociaux

Les mutilations sexuelles féminines sont le produit de divers facteurs culturels, religieux et sociaux au sein des familles et des communautés.
• Là où elle relève d’une convention sociale, la pression sociale qui incite à se conformer à ce que font ou ont fait les autres constitue une forte motivation pour perpétuer cette pratique.
• Les mutilations sexuelles féminines sont souvent considérées comme faisant partie de la nécessaire éducation d’une jeune fille et de sa préparation à l’âge adulte et au mariage.
• Les mutilations sexuelles féminines sont souvent motivées par des croyances relatives à ce qui est considéré comme un comportement sexuel approprié, c’est-à-dire que ces pratiques ont à voir avec la virginité prénuptiale et la fidélité conjugale. Selon les croyances de nombreuses communautés, les mutilations sexuelles réduiraient la libido féminine, ce qui aiderait les femmes à résister aux actes sexuels «illicites». Lorsqu’une ouverture vaginale est obstruée ou rétrécie (type 3 ci-dessus), la crainte de douleurs en cas de réouverture, et la peur que cette réouverture soit découverte, sont censées décourager les femmes d’avoir des relations sexuelles «illicites».
• Les mutilations sexuelles féminines sont associées à des idéaux culturels de féminité et de modestie, selon lesquels les jeunes filles sont « propres » et « belles » après l’ablation de parties de leur anatomie considérées comme « masculines » ou « malpropres ».
• Bien qu’aucun texte religieux ne prescrive cette intervention, les praticiens pensent souvent qu’elle a un fondement religieux.
• Les autorités religieuses adoptent des positions variables à l’égard des mutilations sexuelles féminines: certaines les préconisent, d’autres les considèrent comme étrangères à la religion et d’autres encore contribuent à leur élimination.
• Les structures locales du pouvoir et de l’autorité, tels que les dirigeants communautaires, les chefs religieux, les circonciseurs et même certains agents de santé peuvent contribuer à conforter cette pratique.
• Dans la plupart des sociétés, les mutilations sexuelles féminines sont considérées comme une tradition culturelle, argument souvent avancé pour les perpétuer.
• Dans certaines sociétés l’adoption récente de cette pratique s’explique par la volonté de copier les traditions de groupes voisins. On trouve parfois à son origine un mouvement de recrudescence religieuse ou traditionnelle.
• Dans certaines sociétés, les mutilations sexuelles féminines sont pratiquées par des groupes nouveaux lorsqu’ils arrivent dans des zones où la population locale les pratiquent.

Actions internationales

En 1997, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)a publié avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) une déclaration conjointe contre la pratique des mutilations sexuelles féminines. Une nouvelle déclaration, plus largement soutenue par les Nations Unies, a été publiée en février 2008 à l’appui d’une sensibilisation accrue en faveur de l’abandon des mutilations sexuelles féminines.
La déclaration de 2008 apporte de nouveaux éléments recueillis au cours de la dernière décennie au sujet de cette pratique. Elle met en évidence la reconnaissance croissante des dimensions juridiques du problème et ses liens avec les droits de l’homme, tout en apportant des données actualisées sur la fréquence et l’ampleur des mutilations sexuelles féminines. Elle résume aussi les recherches sur les causes de la persistance de cette pratique, sur les moyens d’y mettre fin et sur ses effets néfastes pour la santé des femmes, des jeunes filles et des nouveau-nés.
L’OMS a publié en 2010 une Stratégie mondiale visant à empêcher le personnel de santé de pratiquer des mutilations sexuelles féminines en collaboration avec d’autres grandes instances des Nations Unies et organisations internationales.
Depuis 1997, de grands efforts ont été entrepris pour lutter contre les mutilations sexuelles féminines, grâce à la recherche, à la collaboration au sein des communautés et à l’introduction de changements dans les politiques publiques. Parmi les progrès réalisés au plan international et local, on relève:
• un plus grand engagement international pour mettre un terme aux mutilations sexuelles féminines;
• la mise en place d’organes de surveillance internationaux et l’adoption de résolutions condamnant cette pratique;
• des cadres juridiques révisés et une volonté politique croissante de mettre fin aux mutilations sexuelles féminines (notamment l’adoption d’une loi contre les mutilations sexuelles féminines dans 22 pays africains et dans plusieurs états de deux autres pays, ainsi que dans 12 pays industrialisés accueillant des immigrés originaires de pays où ces mutilations sont pratiquées); et
• dans la plupart des pays, un recul des mutilations sexuelles féminines et une augmentation du nombre de femmes et d’hommes favorables à leur suppression dans les communautés où elles sont pratiquées.
Les recherches montrent que si ces communautés décident elles-mêmes d’abandonner les mutilations sexuelles féminines, cette pratique pourrait disparaître très rapidement.

L’action de l’OMS

L’Assemblée mondiale de la Santé a adopté en 2008 une résolution (WHA61.16) sur les mutilations sexuelles féminines soulignant qu’une action concertée est nécessaire dans les secteurs tels que l’éducation, les finances, la justice et les affaires féminines.
Les efforts de l’OMS en vue d’éliminer les mutilations sexuelles féminines mettent l’accent sur:
• la sensibilisation: élaborer des publications et des outils de sensibilisation pour permettre des actions au niveau international, régional et local afin d’ en finir avec les mutilations sexuelles féminines en moins d’une génération;
• la recherche: acquérir des connaissances sur les causes et les conséquences de cette pratique, sur les moyens de l’éliminer et sur les soins à dispenser à celles qui ont subi des mutilations sexuelles;
• l’orientation des systèmes de santé: élaborer des matériels de formation et des lignes directrices à l’intention des professionnels de la santé pour les aider à prendre en charge et à conseiller les femmes qui ont subi ces pratiques.
L’OMS est particulièrement préoccupée par le fait que les mutilations sexuelles féminines sont de plus en plus pratiquées par du personnel médical qualifié. L’OMS engage vivement les professionnels de santé à ne pas se livrer à de telles pratiques.

 

 

Auteur : Chantal Higy-Lang

Chantal Higy-Lang
Chantal Higy-Lang, Sexologue et Psychothérapeute.

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