« J’aimerais redessiner l’ovale de mon visage, nous confie Myriam, mais je ne sais pas si mon mari va être d’accord… »
« Je vais refaire mes seins car mon ami regarde les femmes qui ont de beaux seins bien fermes. Personnellement, je n’aurais pas entrepris cette démarche, mais je ne voudrais pas le perdre », annonce Agathe !
« Vous pensez qu’en ayant un ventre plus plat j’aurais davantage de chances de trouver une femme ? interroge Alain. Il paraît que les lipoaspirations font des petits miracles, alors je me lance… »
Vouloir un changement, pour qui, pour quoi ?
Voilà trois cas qui méritent d’être analysés sous un angle psychologique. Si Myriam sait ce qu’elle souhaite modifier à son visage (changement qu’elle soumet, à tort ou à raison, à son mari…), Agathe et Alain risquent d’être déçus à l’issue de leur intervention, car leur but n’est pas tant d’améliorer leur physique que de plaire à autrui. Et si leur manière de séduire, de mettre en avant sa féminité pour l’une et sa masculinité pour l’autre n’était pas au point ? Ne vaudrait-il pas mieux, pour Agathe, reconquérir son ami en entreprenant une thérapie de couple ou au moins dialoguer avec lui au sujet de ces regards qu’il semble porter sur d’autres femmes que la sienne ? Et Alain ? Il pense qu’une lipoaspiration résoudra ses problèmes de contacts féminins ! Mais a-t-il conscience de son comportement ? Est-il capable de faire rire une femme ? De lui faire des compliments ? De s’intéresser à elle plutôt que de se focaliser sur la graisse de son ventre à lui ?
Attention aux fausses pistes !
Il faut se demander en « quel honneur » on entreprend une intervention de chirurgie. C’est avant tout une affaire nous concernant personnellement, voire intimement. Nous vivons mieux et plus longtemps de nos jours, nous sommes en pleine forme, et il nous arrive aussi de souhaiter mettre en harmonie notre « façade », nos éléments visibles, avec notre intériorité. Cette dernière n’a nul besoin d’être déséquilibrée ou en souffrance pour nous décider à entreprendre un changement ; elle peut au contraire se porter à merveille et avoir envie d’un petit (ou grand) plus destiné à notre paraître qui corresponde alors à un désir légitime de retrouver ou de trouver qui l’on est intérieurement.
Il faut également insister sur le rôle souvent contestable joué par les médias, les magazines, les films pornographiques (pour les problèmes de taille de pénis…), la publicité ou le cinéma, et ne pas oublier qu’il y a une grande différence entre les images, souvent retouchées, et la réalité. Le résultat de « perfection » est plus facile à obtenir dans un salon de maquillage et de coiffure avant le tournage d’une scène publicitaire que dans la rue, le monde réel, où nous sommes confrontés à notre image imparfaite captée dans le reflet d’une vitrine !
Auteur : Dr Xavier Latouche
Source : http://www.decitre.fr/livres/le-guide-hachette-de-la-chirurgie-esthetique-9782012302402.html