La cicatrisation

La cicatrisation après une intervention chirurgicale

« La cicatrisation est un phénomène laïc et obligatoire », avait coutume de dire notre maître R. Vilain, non sans un certain humour. Cet aphorisme recouvre une vérité fondamentale que nous utilisons à notre profit en permanence, mais qui porte aussi en elle des déviances qui sont préjudiciables.

Toute altération tissulaire entraîne un phénomène de réparation. Autrement dit, tous les tissus (peau, mais aussi graisse, tendons, viscères, muscles) cicatrisent selon un processus biologique que l’on pourrait qualifier d’urgence avec une réponse tissulaire unique à la blessure  — un peu comme si la nature utilisait la même « colle » pour tous les tissus—, si bien que, parfois, les cicatrices de plaies profondes incluant plusieurs tissus vont être adhérentes d’un plan à l’autre.

  La cicatrisation se fait en trois temps

1er temps : fermeture et imperméabilisation de la plaie ou de la perte de substance. Ce phénomène dépend beaucoup de l’épaisseur de la peau concernée et peut varier de 3 à 18 jours, les peaux les plus fines (paupières) cicatrisant plus vite que les peaux les plus épaisses (dos)

2e temps : renforcement de la solidité cicatricielle par la prolifération d’un tissu fibrocicatriciel. Cette phase se caractérise par la survenue de rougeurs, d’un épaississement et parfois de démangeaisons ou de picotements ; elle s’étend en moyenne du dixième jour au sixième mois avec une stabilisation autour du sixième mois. Ce stade se caractérise également par des phénomènes de rétraction, si bien qu’au final une cicatrice aura généralement des dimensions inférieures à celles de la plaie initiale.

3e temps : résorption, affaissement, assouplissement, relâchement, dépigmentation. La cicatrice finale, quand elle est de bonne qualité, doit être : plate, blanche, fine et souple. C’est ainsi qu’elle sera le moins visible, mais elle ne disparaîtra jamais.

 

Les troubles de la cicatrisation

Il existe trois manifestations qui sortent du schéma précédent.

  • La cicatrice hypertrophique est caractérisée par un allongement de la deuxième phase, c’est-à-dire que l’amorce de la résorption ne débute qu’au-delà du sixième mois, mais avant le dix-huitième mois. Dans ce cas, il peut être utile d’accélérer le processus par des moyens chimiques ou des agents physiques : cortisone, laser, application de feuilles de silicone. Il faut éviter une reprise chirurgicale qui ferait repartir de zéro un processus déjà lent.
  • La cicatrice chéloïde, véritable pathologie cicatricielle, se caractérise par une persistance du processus de prolifération cicatricielle sans aucun signe d’atténuation au-delà de 2 ans. Parler de chéloïdes 6 mois après une opération est donc un non-sens. Les moyens à mettre en œuvre pour le traitement des chéloïdes sont variés et d’efficacité variable. Le mieux, là encore, est de ne pas intervenir en chirurgie esthétique si l’on craint leur survenue.
  • Les cicatrices déhiscentes sont moins connues et pourtant assez contrariantes. Dans ces cas, la deuxième phase est quasi inexistante, ce qui réjouit initialement chacun, mais la troisième arrive trop vite et conduit à une sous-dénivellation du tissu cicatriciel, à son creusement. On peut corriger cet aspect par des produits de comblement (acide hyaluronique) ou par une reprise chirurgicale aléatoire.

 

Source: Le guide Hachette de la chirurgie esthétique

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