confiance en soi

La confiance en soi : de la femme-objet à la séductrice

Ce que l’on oublie souvent c’est que toutes les photographies de mode sont retouchées et manipulées numériquement ; par conséquent, les beautés que l’on nous expose sont virtuelles et « authentiquement » irréelles. Ces modèles ne doivent pas être acceptés comme idéal masculin ou féminin. Outre le fait qu’ils sont mensongers, ils peuvent être dangereux sur des esprits fragiles.
Par exemple, les personnes souffrant d’anorexie n’y trouvent pas l’origine de leur maladie mais peuvent y puiser la justification de leur attitude. C’est la raison pour laquelle la maigreur extrême, réelle ou virtuelle, tombe maintenant sous le coup de la loi.
La confiance en soi n’est pas évidente dans ce monde de l’image idéalisée. Un peu plus d’estime de soi, d’expérience et d’audace peuvent permettre de s’affirmer plus facilement.

C’est la faute à Barbie !

Barbie est cette fameuse poupée qui existe depuis presque 50 ans et dont les mensurations sont vertigineuses – si elles sont transposées à notre échelle – à savoir : 95 56 82. Cependant le tour de hanches d’une « vraie femme » est au minimum de 88 à 90 cm. Donc 82 n’existe pas (le tour de taille par rapport à la hauteur est 39% plus mince que celui d’une personne anorexique !). Devant le tollé général et les accusations telles que celle de favoriser le trouble anorexique chez les jeunes filles, la firme qui commercialise la Barbie a décidé de donner à son mannequin miniature des formes plus normales en 1996 !
Peut-être connaissez-vous l’histoire de Cindy Jackson, qui a entrepris plus de 40 opérations chirurgicales et des dizaines d’interventions de médecine esthétique pour ressembler à la poupée de ses rêves. Dur labeur car selon plusieurs études, seule une femme sur 100 000 s’approcherait des mensurations générales de cette fameuse blonde en plastique !
Pourquoi les fillettes prennent-elles si souvent Barbie comme modèle d’identification ? Elles apprennent à se socialiser au travers du jeu avec leurs poupées, à intégrer des codes et des valeurs de la société dans laquelle elles évoluent. Au risque d’intégrer également les mensurations de cette poupée comme étant une norme et donc un modèle. Ce désir de devenir mince émerge souvent vers l’âge de 6 ans chez les filles. On constate aujourd’hui des cas d’anorexie chez des fillettes de cet âge ; elles sont focalisées sur leur poids et veillent à ne surtout pas « grossir ».
La confiance en soi, devant cette dictature de l’image n’est pas toujours facile à atteindre, surtout durant les âges critiques de la vie : adolescence, quarantaine, ménopause…
Le manque de confiance et les « complexes » des femmes naissent de l’inadéquation entre l’image de soi et l’image idéale et inaccessible. Tout rappelle constamment à la femme qu’il faut rester mince, pour séduire, pour garder leur mari, pour retenir leur amant ! Si elle mange trop, elle va devenir angoissée car elle sait qu’elle « abîme » son image et transgresse une sorte d’interdit. Si elle ne parvient pas à rétablir cette représentation d’elle-même, elle perdra confiance en elle, pas seulement sur un plan physique et esthétique, mais aussi sur le plan relationnel et psychologique.

Pour en savoir plus : Mais que devient Ken, le « mari » ou l’ami de Barbie ? Curieusement il n’est de loin pas un modèle d’identification, ni pour les filles (en représentation du mari idéal) ni pour les garçons qui ne se sont pas mis à jouer avec lui. Lors d’une petite enquête auprès des jeunes utilisatrices de Barbie, nous avons appris que Ken n’était pas très apprécié car « il perd souvent sa tête, ses cheveux sont en plastique et il est plutôt raide au niveau du corps et des jambes… » Une mère de famille nous expliquait récemment que lors d’une vente au marché aux puces des poupées Barbies de ses filles elle fut surprise de ne pouvoir se « débarrasser » du malheureux Ken, dont personne ne voulait et qu’elle fut finalement contrainte en fin de journée de l’imposer gratuitement dans un lot de deux ou trois Barbies-filles.

Le paraître : top model et star-system

L’image de la beauté parfaite est présentée de nos jours comme étant accessible à tout le monde ! La publicité est partout et offre des produits et des services attractifs, de surcroît présentés par des êtres beaux, jeunes et séduisants.
Les magazines sont illustrés de photos de top model – connus dans le moindre détail par les lecteurs les plus jeunes – et représentés à la fois dans leurs activités liées à la mode et au star-system ainsi que dans leur vie privée. Tel mannequin portant une robe taille 34/36 vient de se voir offrir sa somptueuse robe de mariée par un grand couturier – telle autre à la suite de sa troisième grossesse a entrepris un « régime spécial » et s’est faite aider par un coach sportif célèbre pour gommer en trois semaines la moindre trace de grossesse ou d’accouchement.
Les hommes ne sont pas laissés pour compte puisqu’ils plaisent toujours après la cinquantaine (et bien au-delà) et séduisent allègrement des jeunes filles sur tous les murs de nos villes et de nos métros !
Preuve d’existence, goût du pouvoir, éternelle jeunesse, quête éperdue d’un manque sans fond, nous avons tous envie d’être beau ou belle, voire le plus beau ou la plus belle !
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Cas de Manu, 20 ans : Il vient me consulter pour la première fois et m’annonce tout de go qu’il aimerait « tout refaire » ! Surprise, car il est plutôt beau garçon, je le prie de bien vouloir préciser sa demande. Il me sourit avec son air charmeur et se lance : « Eh bien, comme vous pouvez le constater, j’ai les oreilles un peu décollées et surtout mon nez, vers le bout, est véritablement trop gros (il se penche vers moi pour me faire voir l’organe en question), d’ailleurs les dents non plus ne sont pas bien alignées, celles-là aussi il faudrait les revoir… ». Il me scrute pour voir l’effet de son flot de paroles, et avant que je n’aie pu dire le moindre mot il rajoute : « De toute manière, c’est inutile de vouloir me convaincre du contraire, je veux être beau à tout prix, je veux être le plus beau… »
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La dysmorphophobie : quand rien ne va plus
Dans la plupart des cas, les personnes parviennent à s’accepter telles qu’elles sont, avec leurs qualités et leurs défauts. Il leur arrive même d’avoir un trait d’humour sur telle ou telle imperfection physique ou sur un trait de leur caractère qui démontre bien qu’elles se sentent plutôt bien dans leur peau.
Cependant chez certains individus, la focalisation sur une partie de leur corps ou du visage est si forte qu’elle les empêche de vivre normalement ou de s’investir dans une relation de couple harmonieuse ; il devient ainsi nécessaire d’entreprendre une prise en charge psychothérapique. Si leur demande se révèle appropriée (nez disgracieux, seins inexistants, oreilles fortement décollées, anomalie génitale), la thérapie ou l’acte médical seront la meilleure solution.
Par contre si le problème d’image négative de soi persiste, on peut suspecter un trouble dysmorphophobique.
La dysmorphophobie consiste en une sorte de laideur imaginaire : on ne se sent pas beau, pas belle et on a le sentiment que les autres vous trouvent moche. C’est la peur de soi !
L’anorexie consiste en une forme extrême de dysmorphophobie : la personne atteinte de ce trouble est persuadée qu’elle est trop grosse, même si elle ne pèse plus que 40 kg ou encore moins et qu’elle pense devoir maigrir encore.

Pour en savoir plus : La dysmorphophobie est une phobie, comme le stipule son nom. La peur irraisonnée ne se fait pas à la vue d’une souris ou d’une araignée, c’est en fait son propre corps ou une partie qui fait peur ! Il s’agit d’une préoccupation exagérée voire obsédante qu’une partie du corps ou son ensemble présente une difformité ou une laideur insupportable (taille du pénis, volume des seins, bouche trop épaisse ou pas assez, etc…). Cette phobie est fréquemment associée à d’autres problématiques telles que la dépression, l’anxiété, des troubles alimentaires, des troubles obsessionnels.

Qui est surtout touché par ce trouble de la vision de soi ?
Des recherches aux USA avancent le chiffre d’une personne sur 50 souffrant d’un trouble de ce type. Ce sont surtout les adolescentes et les personnes jeunes qui en sont atteintes.
Si les causes de la dysmorphophobie sont encore mal connues, il s’agit essentiellement d’une anxiété qui trouvera comme expression une focalisation sur une partie du corps ou sur le corps tout entier.

« Mon être dans le monde, c’est mon corps, comme condition nécessaire d’un monde et comme réalisation contingente de cette condition. »
Jean-Paul Sartre – L’Etre et le Néant – page 376 de l’édition Gallimard de 1972

Source: La médecine esthétique  » Belles, beaux sans bistouri! « 

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