L'anesthésie en question

Anesthésie : on répond à vos questions

Le médecin anesthésiste est le spécialiste complémentaire par excellence de l’acte chirurgical. Certes, si tout va bien, on le voit et on l’entend très peu ; bien souvent, on l’a oublié quelques jours plus tard. Pourtant, c’est lui qui a veillé au bon déroulement des choses, qui a apporté ses compétences et sa vigilance pour assurer une ambiance sécurisante et sécuritaire. Il (ou elle) est là avant, pendant et juste après la période la plus active de l’intervention chirurgicale.

Comme tout patients vous avez certainement des questions qui vous passent par la tête au sujet de l’anesthésie. Docteur Xavier Latouche réponds à vos interrogations.

  •  Est-ce que je risque de ne pas me réveiller d’une anesthésie générale ?

    C’est évidemment la question que chacun se pose à un moment quelconque du processus… et c’est pourtant la plus irrationnelle. Des risques existent — nous les avons évoqués —, mais ne pas se réveiller n’est pas le risque essentiel. Se pose-t-on la même question chaque soir avant de s’endormir ? Non, et cependant la possibilité de ne pas se réveiller existe aussi. Et si l’on faisait autre chose à la place, comment être sûr que cette autre activité serait dénuée du moindre risque ?
    En résumé, le risque existe, certes, mais il est statistiquement beaucoup plus faible que celui encouru quand on prend sa voiture, son vélo, ou simplement quand on traverse la rue.

  • Ai-je des risques de me réveiller en cours d’intervention ?

    Avant que la conscience ne commence à émerger, on observe de nombreux signes annonciateurs du réveil anesthésique. La réinjection de produits narcotiques permet de réapprofondir le sommeil bien avant que la conscience ne se manifeste.

  • Est-ce que les drogues anesthésiques pourraient être inefficaces sur moi ?

    Les drogues anesthésiques sont puissantes et ne connaissent pas vraiment de résistance. En revanche, il arrive que certains organismes aient la faculté de métaboliser, c’est-à-dire d’inactiver, les produits plus rapidement que d’autres. C’est le cas par exemple des patients qui consomment régulièrement des toxiques (alcool, chanvre indien, héroïne…). Lorsque les fonctions du foie sont altérées au contraire, les drogues peuvent agir plus longtemps avant d’être inactivées par cet organe. On se rend bien compte ici de l’importance que revêt la consultation d’anesthésie, et surtout la sincérité des déclarations faites au médecin anesthésiste consultant (qui est lui aussi soumis au secret professionnel).

  • Est-il dangereux de subir plusieurs anesthésies générales?

    Une anesthésie générale ne détruit pas plus de cellules nerveuses qu’une soirée bien arrosée. Dans les services de brûlés où j’ai pu travailler, on endormait les enfants deux ou trois fois par semaine, certains d’entre eux pendant 1 ou 2 mois parfois, d’une anesthésie profonde, car les soins prodigués aux petits brûlés sont terriblement douloureux. Il n’a jamais été constaté de troubles mentaux ou neurologiques que l’on puisse imputer aux anesthésies.

  • La durée de l’intervention influe-t-elle sur la durée de récupération ?

    On parle souvent du « choc anesthésique ». En fait, les drogues anesthésiantes, injectées pour la bonne cause, doivent ensuite être métabolisées et éliminées sous forme inactive dans les urines. Ce processus peut demander plus ou moins de temps selon les aptitudes de chaque individu. On peut le comparer à une situation d’ivresse par exemple, le mécanisme d’inactivation-élimination étant un peu le même. Il sera d’autant plus long que les drogues sont puissantes, fortement dosées et administrées en grande quantité.

  • Qu’entend-on par choc opératoire?

    Le choc opératoire est une notion quasi inexistante en chirurgie esthétique. On l’observe beaucoup plus en traumatologie, ou le choc traumatique fait secréter des substances toxiques et choquantes pour l’organisme (crush syndrome). L’association avec une perte de sang rapide ou compensée avec retard peut créer un état de « choc », bien connu des urgentistes et des réanimateurs. On ne se trouve jamais dans ces circonstances en chirurgie esthétique, mais il est fréquent qu’une intervention de chirurgie esthétique ait lieu au terme d’une période de stress professionnel, et donc dans une période de fatigue patente. La chute de rythme provoquée par l’anesthésie et par le contexte opératoire peut engendrer une grande fatigue, qui peut se prolonger pendant quelques jours, au pire quelques semaines, avant que tout ne rentre dans l’ordre. Cet état dépend plus de l’état physique et psychologique du patient avant l’intervention qu’à choc dû à l’intervention.

Souce: Le guide hachette de la chirurgie esthétique de Xavier Latouche et Chantal Higy-Lang

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