Suis-je normal docteur?

Suis-je normal docteur?

La demande d’une intervention de chirurgie esthétique est souvent accompagnée d’une interrogation sur la « normalité ». Nos oreilles sont-elles normalement collées à la tête ou légèrement décollées ? Est-ce normal ou anormal ? Notre nez ne devrait-il pas normalement être un peu plus court ? ou moins large ? Est-il normal d’avoir un sein plus gros que l’autre ? La taille du pénis des autres hommes ne serait-elle pas plus importante ?

 

Chirurgie esthétique et normalité

Si nous avons une perception de nous-mêmes, de l’image que nous renvoyons aux autres, bien souvent, la personne que nous connaissons le moins, celle que nous aimerions davantage cerner, comprendre, gérer, rendre plus belle et plus désirable, c’est nous-mêmes. Nous sommes attentifs au regard des autres, notre propre image nous persécute, nous échappe. À ce titre, la norme constitue une sécurité hypothétique, elle est du registre de l’intuitif et du socialement correct, elle nous suit et s’ajuste au travers des époques, des cultures, des idéologies, mais aussi des nouvelles connaissances scientifiques, psychologiques et techniques. En matière de beauté et d’esthétique, nous demeurons ambivalents : nous souhaitons à la fois nous situer dans la norme (c’est-à-dire dépourvu de tout caractère exceptionnel, conforme au type le plus fréquent qui se produit selon l’habitude), et en même temps nous aspirons à de l’originalité, à un style qui serait le nôtre, mais encore faut-il ne pas se tromper et ne pas avoir l’air ridicule ou déplacé dans nos innovations en la matière. Normal, oui, mais jusqu’où ? « Faites-moi une silhouette normale, docteur, vous voyez bien que la mienne ne va pas ! » dit une patiente. « Je voudrais des seins comme les autres filles de mon âge, des seins normaux, pas aussi petits (ou gros, ou tombants ou inégaux) comme les miens… », se plaint cette jeune fille auprès de son chirurgien.

   Qu’est-ce que le « normal » ?

Un état normal, c’est l’état d’un être vivant, d’un organe qui n’est affecté d’aucune modification maladive. Par exemple : avoir un teint normal, donc naturel, ou encore un aspect normal du visage. La mensuration normale c’est aussi une moyenne sur laquelle on se base. C’est la taille la plus vendue, la plus demandée. Ces normes varient en fonction des pays et des époques. Elles sont en occident notablement différentes de ce qu’elles étaient il y a vingt ans ce qui fait changer les artisans et industriels de la confection du vêtement et ajuster périodiquement la norme. Pour exprimer le contraire de « normal », on utilisera, selon le cas, anormal, bizarre, étonnant, exceptionnel, extraordinaire, particulier, spécial, difficile, compliqué : « Docteur, j’ai un physique compliqué », « L’implantation de mes cheveux est spéciale », « La répartition de la graisse autour de mon ventre est bizarre »…

La normalité n’est donc pas une fin en soi. Le concept de « normose » montre que le fantasme de normalité peut devenir une sorte de maladie adaptative à l’excès des temps modernes, de standardisation des comportements, rendant stériles notre imagination et notre créativité.

Source: Chirurgie esthétique

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